Témoin de l’arrière-front, Lucien Renard a pris plus d’une centaine de photos entre août 1914 et Juin 1916. En voici un échantillon accompagné de quelques compléments. Ces clichés ne sont malheureusement pas datés ni situés, sauf exception. Ils constituent pourtant un précieux témoignage de la vie des territoriaux placés en arrière des premières lignes.
En 1875 Jean-Baptiste Renard et Sarah Poulain, au lendemain de leur mariage à Amiens, ouvrent une boutique d’horlogerie au 12, rue de la Tannerie. Cette boutique existe toujours.
Leur fils Lucien naît à Étampes le 9 janvier 1877.
Après sa formation d’horloger et le décès de son père, Lucien est aux côtés de sa mère pour gérer une entreprise qui s’intéresse aux nouveautés technologiques de la « Belle Époque ». Ceci explique peut-être son goût pour la photographie.
En août 1914, Lucien est mobilisé dans le 19e RIT à Falaise. Il est âgé de 37 ans, marié et père de famille. Bien qu’il ait présidé la société de tir étampoise, il n’est pas appelé à combattre mais à servir dans les territoriaux.
Dans la nuit du 15 au 16 août, le régiment quitte Falaise en chemin de fer pour Compiègne. Lucien Renard est affecté au Service des Étapes de la 5ème Armée. Il séjourne quelque temps près de Reims.
Le 27 janvier 1915, Lucien quitte son cantonnement de Pavillon-sous-Bois pour la gare régulatrice d’Is-sur-Tille (Côte d’Or) qui dessert l’est du front. Le 1er février, il est transféré à Moncourt (Moselle).
Lucien Renard ne passe qu’une quinzaine de jours dans le secteur de Moncourt mais il y réalise quelques clichés.
Corvée de bois à Moncourt (hiver 1915)
Tranchée et abri (Moncourt, hiver 1915)
Mis à la disposition du Génie de la 73e DI (Toul) le 17 février, le régiment de Renard séjourne longuement dans le même secteur à l’ouest de Pont-à-Mousson. C’est là que sont prises un grand nombre de ses photos. Ici, « les gourbis de 3ème ligne », peut-être dans le ravin de Jolival.
Au centre, Lucien Renard.
Plusieurs clichés montrent un campement de fortune sur un coteau boisé. (même secteur).
Le 19e RIT est mis au service du Génie. Il s’agit d’assurer les liaisons entre les premières lignes et l’arrière. Dans une lettre adressée à L’Abeille d’Étampes, Renard explique le rôle d’interface entre le front et l’arrière que joue son régiment.
Les territoriaux au travail.
La mise en état des chemins d’accès est une des tâches essentielles.
Les territoriaux participent aussi à l’aménagement de tranchées.
Ils aident également au transport de munitions.
Construction d’un pont de fortune.
Construction d'un pont de fortune (2)
Mise en place d’un pont de secours.
Mise-en-place d'un pont de bateaux.
Lucien Renard semble très intéressé par la pose d’une voie Decauville dans son secteur. Il photographie les différentes étapes du chantier et en informe son épouse. Il écrit en marge de cette photo : « Les gourbis de 3ème ligne avant les travaux du Decauville.
« C’est sous ce pont que passera le Decauville » écrit Lucien à sa femme.
Le vallon où séjourne le régiment de Lucien Renard reçoit ses premiers aménagements.
Les soldats proçèdent à l’empierrement de l’emplacement de la future voie.
Empierrement de l'emplacement de la future voie Decauville (suite)
Mise en place des rails du Decauville.
Un wagonnet circule sur le Decauville.
Lucien Renard témoigne aussi de la vie quotidienne sur le front. Ici, la toilette.
L’heure du café. Renard est dans la cahute au fond.
Bricolage dans la cagna. Sur ces photos, les soldats se mettent en scène.
Une petite pause. Renard adossé à la croix.
On n’oublie pas qu’on est d’Étampes ! On lit L'Abeille sur le front...
Quelles sont les nouvelles ?
La mort n’est jamais bien loin…
Des tombes provisoires sont installées au pied des gourbis de 3ème ligne par les territoriaux.
Une procession près du front.
La procession arrive au village. Les soldats ont le fusil en mains.
Lucien Renard témoigne aussi des violences de la guerre.
Un village lorrain déserté par sa population.
Recueillement devant les ruines.
L’église n’a pas été épargnée par les tirs d’artillerie.
Une riche propriété livrée au pillage.
Img 46 – Un bivouac de luxe !
" Aviatik tombé sous nos yeux le 3 octobre 1915."
« … Nous assistons au combat d’un biplan français et d’un aviatick (sic). Après une chasse rapide et quelques coups de mitrailleuse, l’aéro boche tombe dans la forêt de Puvenelle. Il est 16 heures, les deux aviateurs sont tués (JMO du e RTI)"
« Trois des prisonniers d’un coup de main du 17 mars 1916. Le 4ème est à l’hôpital. Souvenir. L.Renard »
En vrai reporter de guerre, Lucien Renard photographie à trois moments de la journée le fortin F. Ici 20 avril 1916, 10 heures du matin.
L’état du fort à 16 heures, après le bombardement ennemi.
Fortin F – 17 h 30 – Consolidation de l’entrée de l’abri et du poste de guetteur avec des sacs remplis de la terre qui comblait la tranchée.
L’humour comme antidote ? Plusieurs clichés semblent montrer que Lucien Renard n’en manquait pas !
Faire le mort pour rester vivant ?
Photo de groupe. Lucien Renard au second rang à gauche avec sa canne.
Le 1er juin 1916, Renard est transféré au 203e RI dans le secteur de Verdun. Le 8, il est grièvement blessé d’un éclat d’obus lors d’une attaque sur le flanc du Mort-Homme. Il est transféré à l’hôpital de Moulins.
Lucien Renard remis de ses blessures est classé en service auxiliaire par la commission de réforme d’Aix du 10 novembre 1916 puis renvoyé dans ses foyers le 22 mars 1917. Sa blessure lui vaut une citation et la croix de guerre. A l’issue du conflit, il joue un rôle actif aux côtés de Maurice Dormann au sein de l’association des Mutilés de Seine-et-Oise.
Pour en savoir plus, lire le Cahier n°12 d’Étampes-Histoire consacré aux témoins étampois de la Grande Guerre.